Cœur à cœur

Comme pianiste, en début de récital, j’aime beaucoup jouer «Für Alina» de Arvo Pärt, que j’enchaîne généralement sans interruption  à la pièce suivante. Ce petit rituel musical me permet de créer avec le public un premier contact qui n’a rien d’un rapport de force; bien au contraire, je me place dans une situation d’écoute similaire à la sienne, car le pianiste doit bien plus écouter «Für Alina» que véritablement la jouer…

Au passage, je prends ou reprends contact avec l’instrument, et tout ceci me permet finalement de contenir ou même parfois d’éliminer le «mauvais» trac (car il y a le bon et le mauvais trac, comme il y a le bon et le mauvais cholestérol!), celui qui empêche de trouver en soi les ressources pour communiquer ses émotions au public.

Un collègue pianiste me suggéra un jour que l’effet «calmant» de la pièce d’Arvo Pärt était peut-être dû aux notes de départ qu’il faut faire vibrer très fortement, permettant ainsi de relâcher beaucoup de tensions. Cela m’a donné l’idée de composer une pièce qui pourrait elle aussi servir à une «mise en condition» en début de récital, qui deviendra «Cœur à cœur».

Le titre se réfère bien sûr à la connexion qui doit se créer du musicien vers son public. Les premières notes, simulant un rythme cardiaque agité, se calment progressivement et établissent par la suite un fond sonore immuable et hypnotique sur lequel se posent des accords mystérieux et flottants.

Extrait «Cœur à cœur»